De l’amour et de l’intimité
Jaime Perez
in, Le corps et l’analyse Vol 8 • Numéro 1 • Printemps 2007 (p. 69-85)
Avant de vous présenter deux cas qui relèvent de deux façons différentes du mal d’amour, laissez-moi vous énoncer une évidence. L’amour est un sentiment, et comme tout sentiment, c’est un phénomène personnel interne complexe.
L’expérience de l’amour a une base biologique comme le démontrent plusieurs études des neurobiologues sur les fonctions amoureuses de certaines hormones et neurotransmetteurs.
Mario Caba (2003)1 dans un article sur l’Oxitocine et C. Young2, dans un autre sur l’amour maternel, nous livrent des données de base et renvoient les lecteurs vers d’autres ouvrages plus approfondis.
Ces études sont importantes car elles font part de l’évidence scientifique que sous-tendent mes propos cliniques dans cet écrit, mais aussi intéressantes soient-elles, je ne les développerai pas ici et je laisse aux curieux le soin de les étudier. Ici je veux parler d’une façon plus métaphorique et clinique.
Mon expérience de l’amour ressemble à un accord musical qui vibre en moi.
Comme le décrit Lowen (1989)3 dans « Le coeur passionnément », cet accord semble se développer très près du coeur. Cet accord me fait ressentir une excitation plaisante dans mon corps et me pousse à la recherche de la proximité, de l’intimité de l’être qui a réveillé ce sentiment, «L’Être Aimé ». Pour Lowen (1975)4 ce sentiment appartient au noyau constituant de l’être humain (fig. 1) et il précise: «le désir de s’attacher à quelqu’un ou de vivre une intimité étroite est présent dans tous les sentiments d’amour».
Quand un patient cherche à se sortir d’un désordre amoureux, il commence par nous parler de ses rapports conflictuels dans le couple, ou bien de sa solitude ou de son manque ou son trop-plein d’excitation.
Mon premier pas pour le comprendre est de garder bien présent à l’esprit qu’il me parle d’un ressenti.
Que ce qui le rend malheureux c’est la façon dont il se ressent, et que son ressenti de l’amour n’est pas suffisamment bon pour lui ou simplement il ne le ressent pas. Et le jour où ce ressenti, ayant changé, ne sera plus conflictuel ou douloureux il n’aura plus besoin de thérapie, son accord d’amour sera suffisamment bon.
Bien sûr je crois que pour ce changement de ressenti il n’y a pas de raccourci chimique ou technique, et que d’autres changements doivent arriver simultanément dans les rapports quotidiens de ce patient.